La Croix Pèlerine

La Croix Pèlerine, souvenir de la chevalerie

La croix qui se trouve aujourd’hui dans la rue du même nom à Saint-Martin-au-Laërt, dépendait autrefois d’un manoir dit « de la Rouge-Clef » qui jouxtait le château du Long Jardin. En 1449, un tournoi « pas d’armes » encore connu sous le nom de « Tournoi de la Belle Pèlerine », eut lieu près de ce château. Il s’agissait d’un tournoi où des chevaliers s’affrontaient en combat amical. La bataille était parfois violente : il n’était pas rare que des concurrents soient assommés ou grièvement blessés.
Ces jeux publics attiraient généralement une foule importante : des nobles, des seigneurs, de gentes dames, des marchands et des badauds. L’organisation ressemblait beaucoup aux courses hippiques actuelles, les armes en moins. Les combats proposés étaient divers, à cheval ou à pied, avec la lance, la grande ou la petite épée, la hache…

La Belle Pèlerine, personnage rêvé

Cet avant-programme racontait une histoire romanesque et imaginaire. Jean, dit Jennequin (ou Hennequin – petit Jean), fils bâtard de Willerans III de Luxembourg comte de Saint Pol et d’Agnès de Brie était un des plus vaillants hommes de guerre de son temps. Selon la coutume de l’époque, il imagina une histoire pour le tournoi de Saint-Omer, qui se déroulait en 1449, dans la commune actuelle de Saint-Martin-au-Laërt. Jennequin inventa une belle Pèlerine, en route pour Rome. Elle avait accosté en bord de mer, et s’était fait attaquer par des voleurs à la sortie de la forêt. Un vaillant chevalier l’avait délivrée. Ce dernier fut bientôt reconnu. Il s’agissait de Jean de Luxembourg, encore appelé « le Bâtard de Saint-Pol« .

Pour couvrir les frais de l’organisation, Jean de Luxembourg avait passé un accord avec la municipalité de Saint-Omer, qui lui promettait 1500 écus d’or, plus cent autres pour le remercier d’avoir choisi Saint-Omer, alors que d’autres cités (Lille, Arras, Bruges etc.) s’étaient proposées.
Avec cet argent, on aménagea un terrain. Les pierres du soubassement de la Croix Pèlerine furent probablement celles sur lesquelles montaient les chevaliers et qui constituaient ce qu’on appellerait aujourd’hui un podium. La fête de la Belle Pèlerine ne connut pas le succès escompté. Jean de Luxembourg gagna le tournoi mais personne ne vit apparaître la Belle Pèlerine. Elle n’était que le fruit d’une imagination trop fertile. Qu’importe au fond…

Elle aura permis à Saint-Martin-au-Laërt d’entrer dans l’histoire de France…