L’historique de Tatinghem

A l’origine, le village de Tatinghem s’étendait jusqu’aux murs de Saint-Omer et eut souvent son sort lié à celui de cette ville ; mais par la suite, il dut céder une portion de son territoire à Longuenesse et surtout à Saint-Martin-au-Laërt.

Conquise par César au milieu du 1er siècle avant Jésus-Christ, la Gaule est placée sous la domination de Rome. L’appellation gallo-romaine de notre village était : Tatinga-villa.

L’invasion des Wisigoths, au VIIè siècle, va germaniser le nom.

Tatinghem est un nom qui peut se décomposer en trois parties :

TAT’ : qui est un nom de Chef local
ING : qui indique l’appartenance à
HEM : qui est l’équivalent du saxon « thun », du latin « villa », du français « court », « courtil », c’est-à-dire enclos, ferme.

Tatinghem, ou Tatinghe-hem voudrait donc dire métairie, ferme de Thade.

La première mention de Tatinghem remonte à l’an 648.

Au cours des siècles suivants, la manière d’orthographier ce nom a de nombreuses variantes :

Tatingahem (1123), Tatigahem (1132), Tadingehem (1139), Thadinghem (1229), Tadinghem (1304) puis Todingueghem, Tattinghem, Tatinguhem, et Tatinguehem pour enfin se fixer au XVIè siecle à la forme actuelle de Tatinghem.

Les tentatives d’occupations…

Au XIème siècle par exemple, pour résister aux nouvelles invasions (Danois, Normands), les villes se fortifient, la région se couvre de châteaux-forts.

Pendant la guerre de Cent ans (1337-1453), les Anglais avaient comme objectif, entre autres, la prise de Saint-Omer. En août 1436, Tatinghem ainsi que Longuenesse et Blendecques, furent brûlés par le Duc de Gloucester.

Les guerres de François 1er contre Charles Quint furent désastreuses pour nos régions.

Le malheureux traité de Madrid (1526) signé par François 1er, livrait l’Artois à l’occupation espagnole, mais la France gardait Thérouanne, Hesdin et le Boulonnais, … et Tatinghem se trouvait bien près de la nouvelle frontière.

Tatinghem aux mains des Espagnols

L’été suivant, ils furent plus hardis.

Le 16 juillet, vers le soir, ils réussirent à pénétrer dans l’église, mais n’y trouvèrent que trois vaches et fort peu de butin.

Les hommes de guet, qui n’étaient que trois, n’osèrent intervenir.

Les Espagnols, pour se venger, attaquèrent et mirent le feu au village de Fiennes, tenu par les Français.

C’est le traité de Nimègue (1678) qui rendit définitivement notre région à la France.

Les seigneuries de Tatinghem

Vers 1200, tout maître du sol qui perçoit sur les rustres (paysans), à un degré quelconque, certains droits fonciers ou banaux (par exemple, mise à la disposition des habitants d’un four ou d’un moulin, contre redevance) exerce sur ces mêmes rustres les droits de justice et de police. Il prend alors le titre de seigneur, réservé jadis aux plus nobles d’entre eux.
C’est l’époque de la féodalité.
Une hiérarchie s’installe entre les seigneurs, fixée par les différences de puissance (bien fonciers, pouvoir de commandement, nombre de vassaux).

En bas de l’échelle aristocratique figurent les seigneurs de village.
Au dessous, les petits chevaliers, les vassaux, détenteurs de quelques fiefs.
Quelques noms de possesseurs de fiefs à Tatinghem: les de Wissocq, les de Morcamps, les d’Audenfort, les Sainte-Aldegonde.
Jehan de Wallon-Cappelle possédait une seigneurie, dont une partie fut vendue en septembre 1324 par Guillaume de Sainte-Aldegonde, chanoine de Saint-Omer, à Thomas le Cappelier «Treize mesures de terre desoubz Tadinghem entre le voye par laquelle on va de Saint-Omer à Alekines».
Il existait également le fief de Laires «fief en 28 mesures de terre à laboeur en une pièce, gisante entre Tatinghem et Arquigoult, thirant vers Estrehem».
La Révolution de 1789 abolit les seigneuries.

Routes et chemins

En arrivant de Saint-Omer par la route nationale, on rencontre d’abord, sur la gauche, au niveau de la Briqueterie, le « Chemin de l’Epinette »(chemin bordé de buissons d’épines), puis, en montant, la « Rue Buchochelle » ou « Rue du Buchonchet » ou encore « Rue du Buisson ». On y compte en 1851, treize ménages.

A l’extrémité de cette rue se trouve le lieu-dit « les 7 arbres » car il existait 7 arbres a ce carrefour.

Un peu plus haut, toujours à gauche, une ruelle appelée « Rue Brocquet » ou « Rue des Brocquets », groupait trois familles du même nom, près d’un puits particulier.

Sur la droite de la nationale, en montant de Saint-Omer, se présente d’abord le chemin (aujourd’hui coupé par la rocade) qui part du moulin de Saint-Martin-au-Laërt vers Zudausques. Cette route, qui avait 2 maisons en 1851, conduit aux carrières de marne. Elle porta le nom de « Rue du Four à Chaux » puis « Chemin des marnières » et aussi « Chemin de Saint-Lambert » (ancien cadastre).

Puis on trouve une route inhabitée en 1851, c’est le « Chemin du Bras » qui mène aux marnières.

Ensuite, la route du Calvaire Bièque, devenue rue des Barrières, doit son nom à une croix retrouvée intacte à la suite d’un violent incendie dans la ferme Leverd, actuellement ferme Bièque. Une croix, qui porte la date de 1925, fut érigée en commémoration de cet événement.

En 1851, il y avait 7 maisons.

La « Rue du Flot des Chartreux » (prolongement de la rue des Barrières pour rejoindre la rue Pocques) doit son nom aux Chartreux qui étaient seigneurs de Tatinghem. Ils venaient à cette mare d’eau, aujourd’hui disparue, pour abreuver leurs chevaux.

Toujours sur la droite, après la « Rue Pille » qui doit son nom à un habitant de la rue, il nous reste la « Rue Poque » qui, il y a trois siècles, s’appelait « la ruelette paucque » et qui rejoint la vallée d’Arquingoût.

En 1816, on écrivait la « Rue Pauques ». En 1846, il y avait 7 maisons.

La nationale 42, après avoir décrit 2 virages, rencontre, sur la gauche, au chevet de l’église, la « Rue du Milou ».

Certains documents de 1764 écrivent « Milhouck » ou « Millehouck », mot d’origine flamande qui veut dire moulin. La signification de cette rue serait donc Rue du Moulin, et elle conduisait effectivement à un moulin qui se trouvait au bout de la route, sur le territoire de Longuenesse.

Elle comprenait 21 maisons en 1851.

Un autre chemin coupe la rue du Milou à un angle droite, c’est le « Chemin Vert » ou « Verde voie » qui, dans sa partie haute, a pris le nom de « Rue Profonde » ou « Rue Creuse » ou encore « Rue du Profond Chemin ».Il se trouve enterré entre deux talus.

En poursuivant sa route, en sortant de la Rue Profonde, on retrouve la Nationale 42. A cet endroit, toutes les maisons étaient construites sur la gauche, face à la plaine.

C’est la qu’on rencontre le « Chemin Borgnion » ou « Chemin Borniau » qui mène à Wisques à travers champs.

En 1851, on y trouvait 3 maisons.

Quand à notre nationale 42, elle porta jadis, tour à tour, suivant les circonstances historiques, les noms de « Route Royale », «Route impériale », et « Route Nationale ». On disait encore « Le Grand Chemin de Saint-Omer à Boulogne » ou « Le Grand Pavé de Boulogne ».

En 1851, cette route principale de Tatinghem comptait 63 maisons.

Daniel FONTAINE